Les enfants ne sont pas «des cobayes», a expliqué François, qui a également «demandé pardon» pour la pédophilie dans l'Église.
«On ne joue pas avec les enfants». Le pape
François a comme piqué une sainte colère, vendredi à Rome, sur le mal
qui peut être fait à des enfants. Sans le nommer mais de façon très
explicite, il s'est érigé contre le mariage homosexuel et la diffusion
de la théorie du genre dans les écoles en affirmant qu'un enfant a
besoin «d'un papa et d'une maman» pour s'épanouir et qu'on ne pouvait
«expérimenter» aucune théorie éducative ou anthropologique sur des
enfants. Ce ne sont pas des «cobayes», a dénoncé le Pape. Il a ensuite
qualifié l'avortement de «crime abominable». Enfin, il a «demandé personnellement pardon» pour le mal commis par les prêtres pédophiles.
Ces
trois déclarations sont intervenues lors de différentes audiences dans
la matinée de vendredi. L'une au Mouvement catholique italien pour la
vie et l'autre au Bureau international catholique pour l'enfance (BICE).
Ces prises de position sont en droite ligne avec ce que le cardinal
Bergoglio a toujours prêché quand il était en Argentine mais, par leur
radicalité et leur netteté, elles sont inédites dans son pontificat.
Elles ont d'ailleurs surpris beaucoup d'observateurs qui s'étaient
imaginé un pape aussi réformateur dans le domaine éthique que dans son
style papal.
Les enfants «ne sont pas des cobayes de laboratoire»
Première
charge donc, la tentative de modifier la conception de la société avec
le mariage homosexuel et l'enseignement de la théorie du genre dès le
plus jeune âge. Devant les membres du Bureau catholique pour l'enfance -
une œuvre fondée en 1948 par le père Gaston Courtois, un prêtre
français pour aider les orphelins de guerre -, le Pape a rappelé: «Il
importe de redire le droit des enfants à croître dans une famille, avec
un papa et une maman capables de créer une ambiance adaptée à son
développement et à sa maturation affective. Au cœur de cette relation,
l'enfant continue à mûrir vis-à-vis de ce que représentent la
masculinité et la féminité d'un père et d'une mère. Il se prépare ainsi à
la maturité affective.»
D'où l'importance, pour le pape François,
de soutenir avec la même vigueur «le droit des parents à l'éducation
morale et religieuse de leurs propres enfants». Il a alors poussé ce
cri: «Je voudrais à ce sujet manifester mon refus de tout type
d'expérimentations éducatives avec les enfants. On ne peut rien
expérimenter avec les jeunes et les enfants! Ce ne sont pas des cobayes
de laboratoire!» En référence implicite à l'impulsion de la théorie du
genre dans le milieu scolaire pour gommer dans la tête des enfants les
références au masculin et au féminin. Ce qu'il dénonce d'ailleurs comme
«la voie dictatoriale de la pensée unique».
«L'avortement et l'infanticide sont des crimes abominables»
Pour
bien appuyer son propos, le pape François s'est référé à l'histoire des
«horreurs des manipulations éducatives» au XXe siècle menées «par les
grandes dictatures génocidaires», manipulations qui «n'ont pas disparu»:
«Sous d'autres apparences et propositions, elles conservent leur
actualité, a-t-il dénoncé, et sous le prétexte de la modernité, elles
poussent les enfants et les jeunes à avancer dans la voie dictatoriale
de la pensée unique.» François a alors conclu cette première charge en
se référant à une conversation récente avec un «grand éducateur» qui lui
disait: «On ne sait pas si avec ce genre de projets - il se référait à
des projets éducatifs concrets -, on envoie les enfants à l'école ou
dans un camp de rééducation!»
Devant le Mouvement catholique
italien pour la vie, qu'il a reçu ensuite, François a une nouvelle fois
pris la défense de l'enfant, mais de l'enfant à naître. Le Pape a alors
directement cité le Concile Vatican II: «L'avortement et l'infanticide
sont des crimes abominables.» Il a insisté sur le fait que «tout droit
civil doit s'appuyer» sur cette reconnaissance du droit à «la vie
humaine qui est sacrée et inviolable». Il a donc conclu: «Il convient de
rappeler la plus ferme opposition à toute atteinte directe à la vie,
spécialement innocente et sans défense: le bébé dans le ventre maternel
est l'innocent par excellence.»
Enfin, pour la première fois de
son pontificat, le Pape a exprimé publiquement son pardon pour le mal
accompli par les prêtres pédophiles contre des enfants: «Je me sens dans
l'obligation d'assumer tout le mal commis par quelques prêtres, un
petit nombre au regard de tous les prêtres, et de demander
personnellement pardon pour les dommages qu'ils ont causés en abusant
sexuellement d'enfants.» C'était encore devant le Bureau international
catholique de l'enfance: «L'Église est consciente de ce mal!» a lancé le
Pape avant d'ajouter: «Nous ne voulons pas reculer face au traitement
de ce problème et pour les sanctions qui doivent être prévues.» Au
contraire, a-t-il conclu: «Je crois qu'elles doivent être très fortes!
On ne joue pas avec les enfants!» François s'inscrit ici directement
dans les pas de Benoît XVI qui restera comme le pape qui a le plus agi
concrètement contre ce phénomène: durcissement de la législation interne de l'Église pour exclure ces prêtres et dix-huit interventions publiques sur le thème dont plusieurs demandes de pardon.